Fleuve et rivières (3260)

INTITULE OFFICIEL DE L’HABITAT

Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion  (code 3260)

 

Sous-types présents sur le site

  • « Rivières eutrophes (d’aval), neutres à basiques, dominées par des Renoncules et des Potamots » (3260-5)
  • « Ruisseaux et petites rivières eutrophes neutres à basiques » (3260-6)
  • « Rivières oligotrophes basiques » (3260-2)
  • « Rivières à Renoncules oligo-mésotrophes à méso-eutrophes, neutres à basiques » (3260-4)

 

 

Charente, Rochefollet, Seugne,  Escambouille, Bramerit... sont les représentants de cet habitats naturel sur le site (photo : E. Champion)

 

STATUT 

Au niveau européen :

  • Habitat menacé (Annexe I de la Directive Habitats, code 3150)

En région Poitou-Charentes :

  • Valeur patrimoniale régionale :
  • Niveau de rareté :
  • Niveau de Menace :

 

REPARTITION

  • Sur le site : le sous-type 3260-5 concerne le lit mineur du fleuve  Charente, alors que le 3260-6 occupe la Seugne ainsi que sur les petits affluents de la Charente : le Bramerit, le Liberneuil, le Brainaud, le Rochefollet, l’Escambouille, le Patillou, l’Etier des Arènes, le Bourrut, le Coran, les Sauzées et le Gua. Les 2 autres sous-types, d’occurrence incertaine, ne sont pas clairement localisés. Voir la carte de répartition de l'habitat
  • Sur d’autres sites Natura 2000 français : Carte  du Cahier d’habitats National

 

PHYSIONOMIE-ECOLOGIE

Sous-type 3260-5 :

Ce sous-type caractérise le fleuve Charente. L’habitat est typique du secteur aval des cours d’eau de plaine de moyenne à grande importance, aux eaux eutrophes et basiques, à courant faible ou modéré. Selon les variations des principaux facteurs que sont l’éclairement, la vitesse du courant, la profondeur, la richesse nutritive des eaux ou leur température, l’habitat peut présenter une structure très variable qui se concrétise dans des faciès de végétation diversifiés.

Plusieurs communautés ont été détectées dans la Charente (liste non exhaustive) : NAJADETUM MARINAE, MYRIOPHYLLETUM SPICATI, POTAMOGETONETUM LUCENTIS, POTAMOGETONETUM PECTINATO-PERFOLIATI, groupement à Potamogeton nodosus, groupement à Potamogeton crispus etc.
Sur tourbe alcaline, dans le marais des Breuils et le marais de l’Anglade, des taches de LEMNETO MINORIS-UTRICULARIETUM VULGARIS constituent une originalité notable.

 

Sous-type 3260-6 :

Cet habitat est typique des ruisseaux et petites rivières de plaine, de courant faible à moyen et aux eaux eutrophes, à pH neutre ou basique et teneur variable en nitrates. Dans la majorité des cas, la végétation aquatique est peu diversifiée : un suivi mené en 2009 sur 12 tronçons de 50m de long du Bramerit, du Coran, du Rochefollet et de l’Escambouille fait ainsi état d’une richesse moyenne en hydrophytes flottants et enracinés de 3.57 espèces seulement et d’une richesse totale pour ce même groupe de 15 espèces.

La variabilité reste cependant importante en lien avec divers facteurs écologiques dont les modalités génèrent des faciès végétaux assez distincts :

  • - l’éclairement : en situation éclairée, les phanérogames peuvent être abondantes avec mélange d’hydrophytes (plantes aquatiques) comme les callitriches – surtout Callitriche obtusangula - et d’amphiphytes (plantes amphibies : Nasturtium, Myosotis, Apium, Berula…) ; dans les secteurs ombragés, les phanérogames régressent au profit des bryophytes ;
  • - le courant et la profondeur : en situation de ralentissement du courant, les hydrophytes flottants (lentilles, Azolla) ou faiblement enracinés (Cératophylle) peuvent prendre de l’importance ; dans les secteurs les moins profonds (seuils rocheux), les plantes amphibies - Ache nodiflore Apium nodiflorum, Myosotis des marais Myosotis scorpioides, Sagittaire Sagittaria sagittifolia, Berle à feuilles étroites Berula erecta – peuvent former des peuplements denses ;
  • - la qualité chimique des eaux : les herbiers à Callitriche à angles obtus Callitriche obtusangula caractérisent des situations médianes quant à la trophie des eaux (conditions méso-eutrophes à eutrophes) alors que l’apparition ou la prolifération du Potamot pectiné Potamogeton pectinatus signale un enrichissement excessif ;
  • - la température : en cas de ralentissement du courant, les eaux peuvent se réchauffer fortement en été et favoriser le développement de certains faciès à Azolla Azolla filiculoides ou lentilles d’eau.

 

Sous-type 3260-4 :

Quelques éléments floristiques relictuels (Ranunculus penicillatus, Groenlandia densa, Berula erecta fa.submersa) indicateurs de ce sous-type nous laissent supposer que cet habitat devait être dominant sur la majorité du réseau de ruisseaux affluents de la Charente il y a quelques décennies, mais qu’un glissement trophique a provoqué son remplacement progressif par le 3260-6. Il est possible toutefois que l’habitat subsiste encore très localement, en tête de bassin versant.

 

Sous-type 3260-2 :

Malgré l’absence apparente du Potamot coloré Potamogeton coloratus, espèce emblématique de ce sous-type, il est possible que l’habitat existe sous forme ponctuelle et fragmentaire au niveau de diverses sources aux eaux oligotrophes calciques qui alimentent ces ruisseaux ; l’absence de toute végétation phanérogamique (courant trop fort, très faible profondeur, ombrage important) ne permet pas toutefois de statuer.

 

ESPECES INDICATRICES

3260-5 :

  • Espèces aquatiques : Potamot pectiné Potamogeton pectinatus, Potamot noueux Potamogeton nodosus, Potamot perfolié Potamogeton perfoliatus, Cératophylle immergé Ceratophyllum demersum, Myriophylle en épi Myriophyllum spicatum, Nénuphar jaune Nuphar lutea, Petite lentille d’eau Lemna minor, Grande naïade Najas marina
  • Espèces amphibies : Jonc des tonneliers Schoenoplectus lacustris, Sagittaire à feuilles en flèche Sagittaria sagittifolia

 

3260-6 :

  • Espèces aquatiques : Callitriche à fruits obtus Callitriche obtusangula, Cératophylle submergé Ceratophyllum demersum, Potamot de Berchtold Potamogeton berchtoldii, Potamot crépu Potamogeton crispus, Elodée du Canada Elodea canadensis, Zanichellie des marais Zanichellia palustris, Fausse renoncule flottante Ranunculus penicillatus ssp. pseudofluitans (très rare).
  • Espèces amphibies : Ache nodiflore Apium nodiflorum, Myosotis des marais Myosotis scorpioides, Sagittaire Sagittaria sagittifolia, Jonc des tonneliers Schoenoplectus lacustris, Cresson de fontaine Nasturtium officinale, Rubanier simple Sparganium emersum, Berle à feuilles étroites Berula erecta.

 

Le mysototis des marais (photo J. Terrisse)

 

VALEUR BIOLOGIQUE ET ESPECES ASSOCIEES

3260-5

Sur le plan botanique,l’intérêt de ce sous-type est limité à la présence de quelques hydrophytes peu communs comme la Grande naïade Najas marina (très abondante localement dans la Charente) ou le Potamot perfolié Potamogeton perfoliatus, devenu, lui, très localisé. La naturalisation ( ?) de l’Acore Acorus calamus en diverses stations égrenées entre St Savinien et Saintes est à noter.

Pour la faune, l’habitat joue un rôle de lieu de vie, de site de reproduction et de corridor essentiel vis-à-vis de plusieurs groupes : mammifères (Loutre, Vison), poissons, libellules…

 

3260-6

Sur le plan botanique, on note la fréquence et, parfois, l’abondance de plusieurs espèces végétales devenues rares au niveau départemental ou régional : Sagittaire à feuilles en flèche Sagittaria sagittifolia, Berle à feuilles étroites Berula erecta, Rubanier simple Sparganium emersum, Fausse renoncule flottante Ranunculus penicillatus (seule mention  de cette espèce depuis 1980 en Charente-Maritime), Potamot perfolié Potamogeton perfoliatus, Oenanthe aquatique Oenanthe aquatica (proche ici de sa limite sud de répartition continue en France).

Sur le plan de la faune, l’habitat présente une valeur cruciale pour plusieurs espèces menacées : mammifères (Loutre, Vison), odonates (Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale, Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii), poissons (Lamproie de Planer Lampetra planeri).  Il est un lieu de vie, un site de reproduction et un corridor essentiel.

L'Agrion de mercure, un adepte des petites rivières propres (photo : E. Champion)

 

MENACES

3160-5 :

L’enrichissement trophique de cet habitat naturellement eutrophe est le principal problème rencontré : celui-ci entraîne une forte réduction de la diversité des herbiers d’hydrophytes au profit de quelques espèces pollu-résistantes (le Potamot pectiné, notamment). L’invasion de l’habitat par des espèces végétales exotiques constitue une autre menace sérieuse : le Myriophylle du Brésil et la Jussie, deux plantes originaires des zones subtropicales du Nouveau Monde, sont aujourd’hui bien implantées dans le Val de Charente. De même, la prolifération d’espèces animales introduites (Ragondin et écrevisses américaines surtout) peut avoir un impact sévère sur la végétation structurant l’habitat.

 

3160-6 :

La baisse des volumes d’eau circulant en été - du fait surtout des pompages agricoles - entraîne des dysfonctionnement plus ou moins graves qui altèrent l’habitat - réchauffement excessif des eaux, émersion estivale, assecs plus ou moins prolongés - alors que l’enrichissement des eaux (hypertrophisation) tend à appauvrir fortement la diversité des communautés végétales. L’envasement et la charge de matières en suspension peuvent aussi provoquer une régression des espèces caractéristiques. Enfin, comme pour le 3160-5, l’invasion par des espèces exotiques – surtout écrevisses américaines – pose d’ores et déjà des problèmes majeurs et semble être responsable d’un effondrement de la biodiversité dans certains secteurs faisant l’objet d’un suivi (TERRISSE, 2009).

 

ELEMENTS DE GESTION

3160-5 :

La santé de l’habitat dépend avant tout de la gestion du bassin versant. La conservation d’un espace-tampon entre le lit mineur, les berges et les milieux intensifiés riverains apparaît comme indispensable. En cas d’envasement excessif ou de végétation trop invasive (fossés), des curages localisés et peu intenses peuvent favoriser le retour à des faciès plus jeunes et plus diversifiés.

 

3160-6 :

La gestion de l’habitat est étroitement liée à celle des milieux adjacents : gestion de l’eau au niveau du bassin versant, de la nappe alluviale et du bassin d’alimentation de la nappe phréatique. Des opérations ponctuelles d’entretien ou de réhabilitation peuvent également être à prévoir.

 

 

En savoir plus...

 

 

Auteur : Jean Terrisse - LPO 2009

Crédit photographique : Emmanuelle CHAMPION, Jean TERRISSE

Cartographie SIG : Jean TERRISSE - LPO 2009