Les besoins en eau
Un inventaire des usages et des pratiques liées à la ressource en eau a été conduit sur le bassin versant de la Seugne dans le cadre du programme "LIFE-Rivière Partage de l’Eau" (janvier à mars 1997), dont l’objectif consistait à organiser 3 journées de rencontre (communication, formation, concertation) pour les acteurs issus de l’ensemble de catégories concernées par la gestion de l’eau (élus, pêcheurs, agriculteurs, industriels, administrations, etc...)
Agriculture
Nécessité de réfléchir à l’échelle du bassin versant.
Céréaliculture et maïsiculture : Forts besoins en eau. Pas de cultures irriguées dans le périmètre du site, mais pompages/forages dans le périmètre pour irriguer des cultures situées en dehors du périmètre.
Pompages et forages (source DDTM, au 15.7.97) dans le périmètre :
Charente :
- 8 prélèvements eaux souterraines (sources ou forages) ; débit cumulé : 275 m3/h ; débit moyen/ouvrage : 34,5m3/h
- 18 prélèvements directs ; débit cumulé : 1 295m3/h.
- 6 prélèvements directs dans des canaux liés à la Charente, pour un débit cumulé supplémentaire de 300m3/h
Seugnes :
- 40 prélèvements eaux souterraines ; débit cumulé : 1 840 m3/h ; débit moyen/ouvrage : 46m3/h ;
- 9 prélèvements directs ; débit cumulé : 472m3/h.
Bassin versant total de la Seugne : les cultures irriguées utilisent 588 000m3 d’eau au mois de Mai et 8 870 000m3 en juillet (source : Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime).
Consommation d’eau du maïs : besoins physiologiques supérieurs à 3000m3/ha/an, mais irrigation sur les Seugnes environ 2000m3/ha/an (moyenne sur 10 ans), max. 2400m3/ha/an _ (source : Chambre d’Agriculture).
Elevage: problème de mise aux normes des bâtiments d’élevage (manque de moyens : financement Etat).
Distilleries
:
Rejets d’eau chaude (pompages pour eau de refroidissement) => besoin d’un bon débit pour assurer la dillution. Cependant, la campagne de distillation s’arrête au 31 mars (distillerie de Lucérat : fonctionnait toute l’année mais n’existe plus).
Eau de consommation domestique
(source : DDASS, 2010) :
11 captages d'alimentation en eau potable se trouve dans ou à proximité du site Natura 2000. Ils présentent des protection selon 3 niveaux: périmètre de protection immédiat, rapproché et éloigné. Le plus important captage est celui de Coulonge sur Charente, qui alimente en eau potable le littoral.
Des problèmes de qualité d'eau (pollution diffuse agricole) et de quantité sont fréquents.
Pompage industriel
: Insignifiant sur le site. 2% sur l’ensemble du bassin versant de la Seugne.
Assainissement des eaux
(source : Syndicat des Eaux, 2010)
La majorité des communes détiennent un système d'assainissement, soit par boues activées, lagunage naturel ou filtres plantés de roseaux. Certaines boues d'épuration peuvent être épandues sur des terres agricoles. Il existe un risque de pollution lors des crues dans le cas où les stations d'épuration sont situées en zone inondable.
Navigation
Pollution directe :
- Rejets sanitaires directs
- Rejets d’eaux domestiques (vaisselle, lessive...)
- Erosion des berges par batillage.
- Aggravation de la turbidité des eaux.
Nécessité de réflechir à l’échelle du bassin versant.
Pêche
La pêche de loisirs est confrontée à plusieurs types de problèmes (source : réunions OLAE et LIFE Natura 2000, Tourisme et Pêche en Saintonge, sessions LIFE Rivière-Partage de l’Eau, etc.).
Qualité de l’eau :
Des pollutions chroniques ou accidentelles liées aux agglomérations urbaines et rejets domestiques ou industriels (Cognac, Saintes, Pons) => mortalité ou fuite du poisson.
L'eutrophisation (développement algual, lentilles...) entraîne une diminution de l’oxygène dans l’eau, variation du pH et augmentation de l’ammoniac toxique. Les fonds peuvent se colmater (dégradation ou suppression de frayères).
Le réchauffement de l’eau accélère l’eutrophisation et la diminution de la teneur en oxygène => troubles physiologiques et vulnérabilité accrue du poisson vis à vis des toxiques, en augmentation.
Quantité d’eau :
A l’étiage, la perte d'habitat (diminution de la surface en eau), les assecs entraînent une mortalité ou fuite des poissons. L'érosion est plus forte sur les berges de la Charente (effet accru du batillage).
Lors de crues moyennes :
=> reproduction du Brochet entièrement liée à ce phénomène : pas de crues moyennes = pas d’accès aux frayères (lit majeur) = pas de reproduction ;
=> variation très rapide des niveaux d’eau = emprisonnement des poissons dans le lit majeur => mort des géniteurs et des pontes ;
=> pas d’inondation = faible recharge des nappes phréatiques et des sources => peu ou pas de réalimentation des cours d’eau, notamment en étiage.
Attention :
la généralisation des retenues sur les cours d’eau à faible gabarit s’effectue aux dépens du libre écoulement et du renouvellement de l’eau. Or ces 2 facteurs dynamiques conditionnent la prévention des risques d’eutrophisation et la richesse piscicole. Aussi, il est préférable de favoriser sur les petits cours d’eau des retenues de faibles hauteur (50cm max) qui, associées à une bonne gestion de la ripisylve et au respect du débit minimum, peuvent être compatibles avec la qualité biologique du réseau.
Réduction des habitats par assec ou reprofilage des cours d’eau :
=> conditions anormales de surpopulations : épidémies, réduction des effectifs ;
=> disparition des espèces les plus exigeantes (fuite ou mortalité), au profit d’autres espèces (conséquences indirectes sur la promotion / valorisation du tourisme-pêche) ;
Accès réduits aux différents habitats :
=> remontées de migrateurs (y compris Brochet) limitées par les obstacles. Les zones de frayères sont indispensables à leur survie ;
Rappel : les crues moyennes, non dommageables pour les habitants et les habitations, permettent un enrichissement des sols, l’infiltration de l’eau dans les nappes favorise l’assainissement de l’eau, le nettoyage du cours d’eau, la migration et la reproduction du poisson. Aussi, il est nécessaire de conserver ce phénomène naturel qui permet, entre autres, l’accès du poisson aux nombreuses frayères situées dans le lit majeur, et démultiplie sa reproduction.
Pisciculture
- Pas de pisciculture sur la Charente ;
- 1 pisciculture à Colombiers,sur la Seugne (esturgeon)
- 1 pisciculture à St Césaire, sur le Coran (truite)
La dégradation de la qualité chimique et physique (température de l’eau) a désormais interdit la production de Truites sur la Seugne, d’où le choix de l’Esturgeon, plus résistant et demandeur d’une moindre qualité.
Les rejets d’eau de la pisciculture peuvent également causer des pollutions.
En revanche, la qualité des eaux du Coran permet la production de truites. La pisciculture de st Césaire est précurseur en matière de qualité de ses rejets notamment.
La pisciculture devient impossible si le débit étiage est insuffisant. D’autre part, un débit insuffisant accroît le problème de qualité insatisfaisante des eaux (à l’entrée et à la sortie).
Urbanisation, routes, moulins
L’urbanisation et les routes ont un impact non négligeable sur la vitesse de ruissellement du bassin versant.
Les moulins avaient pour rôle de réguler le débit, mais ils sont en mauvais état. Aucun moulin ne fonctionne plus actuellement. La succession des biefs favorise également le réchauffement et l’eutrophisation. Les moulins permettaient de conserver de l’eau : ils ouvraient les portes quand la retenue était pleine pour alimenter le cours en aval, ou fermaient pour laisser remonter le niveau à l’amont dès que la baisse était trop importante.