L’Angélique des estuaires*
NOM SCIENTIFIQUE : Angelica heterocarpa J.Lloyd, 1859

STATUT :
Annexes II et IV de la Directive habitats (espèce prioritaire, 1992)
Livre Rouge de la Flore menacée de France (espèce prioritaire, MNHN 1995).
Protégée officiellement en France (arrêté du 20 janvier 1982).
Liste Rouge de la Flore menacée en Poitou-Charentes (SBCO, 1998)
REPARTITION EN FRANCE :
L’Angélique des estuaires est une grande Ombellifère endémique des côtes franco-atlantiques où elle se localise à 4 estuaires : Loire, Charente, Gironde et Adour. En Poitou-Charentes, l’espèce n’est présente qu’en Charente-Maritime, le long des rives du fleuve Charente, entre Rochefort et Saintes, avec une abondance maximale entre Saint-Savinien et Rochefort.
REPARTITION LOCALE :
Sur le site, qui se trouve un peu en marge de la répartition de l’espèce, l’Angélique est présente de manière sporadique sur les berges vaseuses de la Charente entre Saint-Savinien et Saintes mais des recherches seraient à mener pour préciser la limite exacte de son extension vers l'amont. Historiquement (fin du XIXème siècle, d'après la grande flore de Lloyd), l'Angélique se rencontrait jusqu'aux portes mêmes de Saintes, à une époque où le barrage de St Savinien n'existait pas encore et où les eaux faiblement saumâtres pouvaient remonter - avec leur charge de diaspores – beaucoup plus plus en amont que de nos jours.
ECOLOGIE :
L’Angélique des estuaires est une espèce subhalophile qui se rencontre exclusivement dans les estuaires subissant des remontées d’eaux saumâtres où elle colonise les berges argilo-vaseuses, à pente variable, à des niveaux compris entre le niveau moyen des marées et le niveau des plus hautes mers de vives eaux. La chute des effectifs en amont du barrage de St Savinien est donc due à l’arrêt de l’onde de marée et au blocage des remontées d’eau saumâtre par cet ouvrage. L’espèce se rencontre tantôt dans des peuplements de hautes herbes (mégaphorbiaies), en compagnie de la Baldingère Phalaris arundinacea, de la Salicaire Lythrum salicaria et du Liseron des haies Calystegia sepium, tantôt dans des roselières plus ou moins denses dominées par le Phragmite. La floraison a lieu en juillet et la dissémination des graines est effectuée par l’eau (hydrochorie), notamment lors des grandes marées de l’équinoxe d’automne qui permettent le dépôt des semences à de hauts niveaux sur les sommets de berges, les digues etc.
MENACES - GESTION :
Espèce des eaux saumâtres, l’Angélique est très sensible aux modifications de la salinité. La construction de barrages, en réduisant ou supprimant la zone de battement du niveau du fleuve, limite la surface potentielle de dépôt et d’implantation des semences. Dans le cas de prairies pâturées s’étendant jusqu’aux rives mêmes du cours d’eau, le piétinement et l’abroutement du bétail peuvent constituer une nuisance importante. Enfin, le développement excessif de végétation nitrophile (Grande Ortie Urtica dioica, ronces, oseilles diverses) favorisée par l’implantation de parcelles avec des jardins privés sur les berges peut créer une concurrence défavorable à l’espèce.
Pêcheurs, prenez soin de l'Angélique des estuaires :