Bas-marais tourbeux (7230)

INTITULE OFFICIEL DE L’HABITAT :

Tourbières basses alcalines



Bas-marais alcalin en marais de l’Anglade (photo : E. Champion)

 

STATUT

Au niveau européen

  • Habitat menacé (Annexe I de la Directive Habitats, code 7230)

En région Poitou-Charentes

  • Valeur patrimoniale régionale :
  • Niveau de Rareté :
  • Niveau de Menaces : 

 

REPARTITION

  • Sur le site : L’habitat n’est présent sur le site qu’en marais de l’Anglade où il occupe les clairières encore entretenues par les chasseurs au sein de la cladiaie et en marais des Breuils où il colonise également le pourtour des mares gérées pour la chasse au gibier d’eau mais dans un environnement de prairies pâturées très différent de celui de l’Anglade. Voir la carte de répartition
  • Sur les autres sites Natura 2000 français : CARTE  (source : fiche du Cahier d’habitats)

 

PHYSIONOMIE-ECOLOGIE

L’habitat se rencontre typiquement sur substrat plus ou moins constamment engorgé par une eau carbonatée à pH compris entre 6 et 8, où le drainage nul ou très faible provoque l’édification d’une tourbe calcique noire. Sur le site, il occupe donc exclusivement les secteurs où le sol présente une fraction organique importante : la cuvette de l’Anglade et le marais des Breuils et environs.


La végétation structurant l’habitat se présente comme un tapis d’herbacées vivaces bistratifié associant une strate haute dominée par diverses Joncacées, Cypéracées et hautes herbes hygrophiles (Salicaire, Lysimaque commune, Menthe aquatique) à une strate basse occupée par l’Ecuelle d’eau Hydrocotyle vulgaris, le Flûteau fausse-renoncule Baldellia ranunculoides ou la Samole de Valérand Samolus valerandi, voire la Grande utriculaire Utricularia vulgaris ou le Potamot coloré Potamogeton coloratus dans les secteurs les plus hydromorphes (fond des mares de chasse).


Dans le marais des Breuils, une forme appauvrie de l’habitat s’observe dans certaines parcelles faisant l’objet d’un pâturage bovin : quelques plantes indicatrices subsistent malgré l’intensification comme le Jonc à fleurs obtuses, mais une grande partie du cortège ne résiste pas à la concurrence des espèces prairiales favorisées par l’épandage d’engrais et le drainage.


Dans le marais de l’Anglade, très longuement inondé sous une couche d’eau importante, le bas-marais est lié dynamiquement à la cladiaie qui tend à l’envahir et à le détruire. Seule une gestion de la cladiaie (fauche régulière) permet alors de maintenir la structure basse typique du bas-marais. Sur les bords de la cuvette, le degré trophique relativement élevé du sol (et probablement en hausse du fait d’un environnement dominé par la culture intensive du maïs) favorise par ailleurs le développement de hautes herbes des mégaphorbiaies (Salicaire, Liseron des haies, Lysimaque vulgaire) qui banalisent le cortège végétal et appauvrissent l’habitat.
 

ESPECES INDICATRICES

  • Jonc à fleurs obtuses Juncus subnodulosus
  • Laîche tardive Carex viridula
  • Orchis des marais Orchis palustris
  • Cirse d’Angleterre, Cirsium dissectum
  • Laiteron maritime Sonchus maritimus
  • Oenanthe de Lachenal Oenanthe lachenalii
  • Scirpe glauque Schoenoplectus tabernaemontani
  • Ecuelle d’eau Hydrocotyle vulgaris
  • Scirpe à une glume Eleocharis uniglumis
  • Choin noirâtre Schoenus nigricans
  • Samole de Valérand Samolus valerandi
  • Gratiole officinale Gratiola officinalis

Le Choin noirâtre, une espèce indicatrice des bas-marais alcalins (photo : J. Terrisse)

 

La Gratiole officinale, rare et  protégée au niveau national (photo : E. Champion)

 

VALEUR BIOLOGIQUE ET ESPÈCES ASSOCIÉES

Le bas-marais alcalin est considéré comme un des habitats les plus menacés des plaines françaises et sa situation en région Poitou-Charentes ne fait pas exception puisque les sites de surface supérieure à 1 hectare sont devenus très rares (une étude menée en 2000 a estimé à 8.5ha la surface de l’habitat dans la cuvette de l’Anglade) .


Sur le plan botanique, l’habitat abrite de nombreuses plantes rares ou menacées :

  • au niveau national : Orchis des marais Orchis palustris, Gratiole officinale Gratiola officinalis
  • au niveau régional : Laîche tardive Carex viridula, Potamot coloré Potamogeton coloratus, Grande utriculaire Utricularia vulgaris

 

Vue rapprochée d'une utriculaire  : les utricules ("sacs") servent à capturer le plancton animal dont cette plante aquatique carnivore se nourrit (photo : J. Terrisse)

 

MENACES

Sur le site, le bas-marais alcalin est l’un des habitats les plus instables et les plus fragiles, exposé à la fois une dynamique naturelle défavorable (marais de l’Anglade) et à des actions anthropiques néfastes (marais des Breuils). Il est significatif à ce sujet que, dans le marais des Breuils, les seules parcelles accueillant encore l’habitat sous une forme typique soient des parcelles non agricoles.

 

ÉLÉMENTS DE GESTION

Le maintien d’une alimentation hydrique satisfaisante, tant en quantité (crues régulières, niveau de nappe élevé) qu’en qualité (problèmes liés à la qualité physico-chimique des eaux du bassin versant), est la condition sine qua non du maintien de l’habitat. Par ailleurs, la fauche et/ou le pâturage extensif constituent les moyens les plus généralement utilisés pour bloquer l’évolution vers des stades pré-forestiers ou des faciès de roselières (cladiaie) trop denses. Si des actions de gestion à but conservatoire devaient être entreprises, elles devraient concerner en priorité le marais de l’Anglade dont les potentialités - surface intrinsèque, état de conservation de l’habitat, liens avec d’autres habitats menacés - sont exceptionnelles.

 

 

En savoir plus...

Fiche générique du Cahier d’Habitats National

 


Auteur : Jean Terrisse - LPO 2007
Crédit photographique : Emmanuelle CHAMPION, Jean TERRISSE
Cartographie SIG : Jean TERRISSE - LPO 2007