Chênaie verte atlantique (9340)
INTITULE OFFICIEL DE L’HABITAT :
Forêts à Quercus ilex et Q.rotundifolia
Sous-type présent sur le site :
Yeuseraies aquitaines » (9340-10)
Le boisement de chênes verts, exposé au sud, dans le vallon du Rochefollet (photo : A. Persuy)
STATUT
En Europe
- Habitat menacé (Annexe I de la Directive Habitats, code 9340)
En région Poitou-Charentes
- Valeur patrimoniale régionale :
- Niveau de Rareté :
- Niveau de Menaces :
REPARTITION
- Sur le site : l’habitat est surtout représenté et typique au vallon de Rochefollet (où il est situé en vis-à-vis de la Frênaie à scolopendre qui lui fait face sur le versant nord) ainsi qu’à l’Escambouille ; malheureusement, dans ce dernier site, les « hasards » du périmètre font que les contours du site NATURA 2000 ne prennent en compte que le fond du vallon sensu stricto et non les versants, où se trouvent cantonnés des exemplaires typiques de cet habitat rare. Ailleurs, il est présent, mais sous forme fragmentaire, au vallon de Brainaud où il n’est pas associé à des milieux rupestres. Les autres occurrences du Chêne vert sur le site (vallée du Coran notamment) sont plutôt à rapporter à un faciès thermophile de chênaie pubescente (absence des autres espèces caractéristiques en dehors du Chêne vert lui-même) plutôt qu’à cet habitat. Voir la carte de répartition
- Sur les autres sites Natura 2000 français : CARTE (source : fiche du Cahier d'Habitats)
PHYSIONOMIE-ECOLOGIE
La chênaie sempervirente à Chêne vert est une des originalités écosystémiques des vallons latéraux du fleuve Charente : comme il est de règle dans quelques autres vallées similaires du centre de la Charente-Maritime (vallées du Bruant, haute vallée du Bramerit, vallée de l’Arnoult), elle occupe une position topographique bien particulière au sein d’ensembles forestiers caducifoliés relevant du CARPINION.
Cette chênaie verte atlantique forme en effet des taches sporadiques sur les versants exposés au sud, presque toujours au sommet de pointements rocheux ou de véritables petites falaises forestières sur calcaire dur, là où le sol est trop superficiel pour que le Chêne pubescent puisse concurrencer le Chêne vert : ce dernier forme alors des peuplements plus ou moins purs, remarquablement accompagné en sous-strate de plantes typiques des chênaies sclérophylles méditerranéennes comme le Filaria à feuilles larges ou l’Eglantier sempervirent, accompagnées de tout un cortège de plantes thermophiles qui fréquentent aussi les chênaies pubescentes régionales.
De croissance lente, le Chêne vert rejette bien de souche et ses peuplements sont généralement traités en taillis à courte révolution exploités pour le bois de chauffe (excellent combustible). Les peuplements, généralement denses et peu élevés, dominent un sous-bois sombre où seules quelques espèces indifférentes à la lumière comme le Lierre peuvent prospérer.
ESPECES INDICATRICES
Arbres
Chêne vert, Erable de Montpellier, Sorbier domestique
Arbustes et lianes
Filaria à feuilles larges, Laurier-tin (naturalisé), Viorne lantane, Rosier sempervirent, Garance voyageuse, Lierre
Herbacées
Brachypode penné, Laîche glauque
VALEUR BIOLOGIQUE ET ESPECES ASSOCIEES
En tant qu’habitat, la yeuseraie aquitaine possède un grand intérêt intrinsèque ; très localisée et n’occupant que quelques sites ponctuels aux caractères édapho-climatiques originaux (substrat rocheux recouvert d’un sol squelettique, méso-climat à températures hivernales douces et déficit hydrique estival), elle constitue des enclaves méridionales en contexte tempéré que l’on interprète généralement comme des reliques de l’optimum climatique post-glaciaire de l’Atlantique et du Subboréal (de - 8000 à - 5000 BP).
Hormis les espèces compagnes comme le filaria ou le rosier, elle ne présente toutefois qu’un intérêt floristique limité, en raison de l’ambiance très sombre de son sous-bois.
MENACES
Isolé au sein de matrices forestières plus vastes sur des zones d’affleurements rocheux peu productives, l’habitat est relativement à l’abri de toute modification humaine et son état de conservation semble satisfaisant (voir cependant ci-dessous sur le traitement en taillis).
L’enracinement superficiel (substrat rocheux) peut être un facteur favorisant les chablis lors des tempêtes (ouragans « Martin » et Klaus » de 1999 et 2009).
ELEMENTS DE GESTION
Les modalités de gestion courantes - taillis - font actuellement l’objet d’un questionnement quant au maintien de la capacité de régénération pour des taillis au-delà de 60 ans. Il semblerait que des rotations courtes de l’ordre de 30-40 ans soient les plus favorables au maintien de la yeuseraie.
Le passage éventuel d’un taillis à une futaie ne pourra se faire qu’avec précaution par furetage (brins d’âges différents par souche) et vieillissement de brins sélectionnés, la régénération par semences étant plus problématique (expériences à mener).
En savoir plus...
- Fiche générique 9180 du Cahier d’Habitats National
Auteur : Jean Terrisse - LPO 2009
Crédit photographique : Emmanuelle CHAMPION, Jean TERRISSE
Cartographie SIG : Jean TERRISSE - LPO 2009