Les milieux naturels
Le promeneur perçoit les grands ensembles paysagers de la vallée, plus ou moins fortement influencés par l’homme : eau, prairies, boisements, cultures.
Sous la végétation se cachent des critères plus subtils : la nature du sol par exemple, détermine quelle plante peut pousser ou non.
Certains milieux sont « naturels », d’autres « artificiels », en référence au caractère spontané ou non de la végétation qui se développe.
Si on se référait en revanche à l’influence de l’homme, les prairies seraient dites "semi-naturelles" : sans fauche ou pâturage, elles se transformeraient en quelques années en boisements de frênes.
Prairies et pelouses
Là où, en val de Charente, le promeneur perçoit une "prairie", le biologiste distinguera au minimum 4 milieux différents, dont 3 "naturels" et 1 artificiel :
- les prairies naturelles alluviales : la végétation spontanée se développe ici sur les sols alluviaux déposés au fil des siècles par les crues de la Charente. Elle est adaptée au régime des crues ;
Prairie de fauche de l’Anglée : la prairie la plus riche connue dans le site (photo : E. Champion)
- les prairies naturelles tourbeuses (bas-marais neutro-alcalins) : la différence réside notamment dans la nature du sol. Il est ici organique, et résulte de l’accumulation de matière organique au fil des siècles : la durée des inondations en basse Seugne bloque les processus de dégradation des matières végétales, et celle-ci s’accumule. Elle forme un sol noir et spongieux : la tourbe. La végétation spontanée qui s’y développe et supporte ces contraintes d’inondation et de sol, n’est pas la même que celle des prairies alluviales ;
- sur les coteaux bordant la rive droite de la Charente, une végétation herbacée sèche se développe sur les affleurements de roche mère calcaire : biologiquement, il s’agit de pelouses calcaires (et non de prairies). La flore, d’affinité méditerranéenne, est radicalement différente de celle des prairies de vallée. Abandonnées, les pelouses sont colonisées par une graminée couvrante, le brachypode, localement appelé « palenne » ;
Coteau calcaire de "Chez Landart" (photo : E. Champion)
- les prairies artificielles enfin : champ labouré, puis resemé avec un ray-gras, une fétuque, ou un autre mélange exogène de graminées ; biologiquement, il s’agit d’une « culture d’herbe ».
Formations végétales « à hautes herbes »
Si le couvert végétal des prairies est assez bas (pâturé, fauché...), d’autres formations végétales herbacées sont caractérisées au contraire par une végétation à "hautes herbes", dans lesquelles il est parfois difficile de pénétrer :
- celle des zones tourbeuses très longuement inondées du marais de l’Anglade (en basse Seugne), est une cladiaie tourbeuse. Elle peut atteindre 2m de haut. Elle est dominée par le Cladium mariscus, une herbacée haute de 2m aux feuilles glauques et coupantes, localement appelée « rouche » ;
Cladiaie (marais de l’Anglade) (photo : E. Champion)
- au coeur du delta de la basse Seugne, ainsi que dans les prairies abandonnées ou certains boisements, se développent les mégaphorbiaies. Ces formations à hautes herbes sont richement fleuries (Grand pigamon, salicaire, Reine des prés...). Elles présentent un intérêt capital pour nombre d’insectes.
Mégaphorbiaie (photo : E. Champion)
Boi
sements
Ici aussi, le biologiste distinguera au minimum :
- les boisements spontanés inondables, situés dans la vallée inondable. En val de Charente, ils sont surtout composés de frênes et d’aulnes, et leur nature varie selon qu’on est dans des secteurs longuement inondés, ou sur les banquettes supérieures, plus éloignées de la rivière ;
Aulnaie-frênaie marécageuse (Île de la Rabaine) (photo : E. Champion)
- les boisements spontanés de pente qui colonisent les pentes plus escarpées de la vallée du Coran ;
- les boisements de production, milieux artificiels dont l’objectif est essentiellement la production de peupliers.
Jeune peupleraie (photo : E. Champion)
L’eau
On distinguera ici :
- les eaux courantes des rivières à cours rapides, comme la Seugne, le Coran, le Rochefollet... et d’une manière générale tous les petits affluents de la Charente
Le Coran, aux eaux limpides (photo : E. Champion)
- et les eaux dormantes à faiblement courantes du fleuve Charente et des fossés intra-parcellaires
La Charente (photo : E. Champion)
Milieux anthropisés
Enfin, villes, villages, routes, voies ferrées, cultures... constituent autant d’éléments du paysage totalement anthropisés.
Culture en hiver (photo : E. Champion)